arbreQu’un arbre se déracine et de se plante dans la mer, c’est impossible et impensable. Pourtant Jésus dit qu’une toute petite graine de foi est capable de ce genre de miracle.

C’est d’ailleurs ce que l’ange Gabriel affirme à Marie, le jour de l’Annonciation : rien n’est impossible à Dieu. Et la jeune vierge va devenir mère. Mais il ne faut pas comprendre de travers cet appel à la foi. Ce n’est pas du volontarisme, de l’autosuggestion, un effort surhumain pour dépasser ses limites. Tout cela est plutôt le contraire de la foi. Il s’agit en fait de mettre ma volonté dans la volonté de Dieu, de lui donner pleins pouvoirs, bref d’être serviteur de l’unique Seigneur. Imaginons un instant tout ce qui pourrait arriver si tous et chacun d’entre nous laissions la puissance de Dieu se déployer librement en nous et autour de nous… 

C’est le sens de l’imposition des mains, que l’apôtre Paul rappelle à son disciple Timothée. Certes il y a une imposition des mains spécifique pour l’évêque, le prêtre, le diacre, qui deviennent des ministres ordonnés, représentant le Christ Serviteur et Pasteur. Mais tous les fidèles ont reçu une double imposition des mains : le jour de leur baptême et le jour de leur confirmation. C’est le signe d’une effusion de l’Esprit Saint qui nous permet de parler et d’agir nous-mêmes au nom du Christ.

Alors on commence à comprendre la formule paradoxale et même provocatrice de Jésus : Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites « Nous sommes des serviteurs inutiles » ! La traduction liturgique n’ose pas le dire ; elle corrige le texte original (ce qui est un comble, car Jésus ne dit pas n’importe quoi) et cela donne « serviteurs quelconques », ou « simples serviteurs ». Pourtant dans la parabole des talents le troisième qui enterre son talent est bel et bien déclaré inutile.

Oui, nous sommes inutiles, non-nécessaires (selon le mot grec : a-chreïos), et pourtant nous sommes appelés à servir : cela nous guérit de nos paresses et de nos démissions… 

Oui, nous sommes appelés, mais nous ne sommes pas indispensables. Cela nous guérit de l’agitation, d’un besoin de maîtrise et de domination, d’un esprit d’appropriation qui fait de notre service une chasse gardée…

Finalement, loin de freiner notre élan cette formule est libératrice : Dieu, qui pourrait tout faire sans nous, ne veut rien faire sans nous. Quelle allégresse de servir, serviteur maladroit et pauvre pécheur que je suis, et de savoir que Jésus, l’unique Sauveur, l’unique nécessaire, compte sur moi. 

La grande orientation diocésaine de cette année, « être greffés au Christ », sera l’occasion d’un retour aux sources du service et de la mission : l’union à Jésus et la vie dans l’Esprit. Notons dès maintenant quelques rendez-vous : les petits groupes pour préparer Noël dans certains secteurs, les 24 heures pour Dieu (6 mars), la sortie du Pôle (8 mai) et surtout l’école de prière avec les frères carmes les 5 mercredis de Carême. Mais prenons soin de vivre ces temps forts dans une perspective missionnaire : ce ne sont pas seulement des rencontres pour nous et entre nous ; ne craignons pas d’inviter des voisins et des amis ; eux aussi attendent le Christ – en tout cas le Christ les attend.

Messe de rentrée du Pôle missionnaire Montereau - Moret
Grange de Motteux, 6 octobre 2019