On ne choisit pas ses combats, encore moins ses adversaires. C’est en nous déclarant la guerre que l’adversaire se déclare notre ennemi. Le pacifisme est une erreur tragique. On croit éviter la confrontation, on ne fait que la différer et l’aggraver. nuagesAu temps de la menace babylonienne, Jérémie était accusé d’être un prophète de malheur, parce qu’il essayait de réveiller les inconscients : « Ils traitent à la légère la blessure de mon peuple, en disant : Paix ! La paix ! alors qu'il n'y a pas de paix » (Jr 6, 14).

Les catholiques sont souvent légitimistes, plutôt bienveillants pour le pouvoir, selon le conseil de saint Paul et de saint Pierre : « Que chacun soit soumis aux autorités supérieures » (Ro 13, 1 ; cf. 1P 2,13). Mais les persécutions, déjà présentes dans les Actes des Apôtres, empêchent d’être trop naïf. « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29). Finalement, dans le livre de l’Apocalypse, saint Jean donne une vision tragique de l’histoire, sans illusion mais pas sans espérance. Le Dragon diabolique cherche à dominer le monde avec l’aide du faux prophète – Soljenitsyne a bien montré que la violence se maintient par le mensonge ; de tout temps le pouvoir politique abusif a eu besoin d’une orchestration médiatique. Mais l’Agneau immolé et ressuscité (Ap 5, 6) est vainqueur du monde (Jn 16, 33) et le Prince de ce monde sera jeté dehors (Jn 12, 31).

La victoire est donc acquise, mais le combat n’est pas fini. Au contraire, il fait rage plus que jamais. Je ne parle pas des combats dont tout le monde parle : écologique, politique (2022 !), sanitaire (géré par un conseil de guerre), économique, stratégique… Toutes ces mobilisations occupent les esprits et occultent l’essentiel. Il faut déchirer le voile (apocalypse signifie dévoilement) et montrer le vrai champ de bataille : nous vivons une révolution anthropologique ; la guerre est déclarée à l’humain dans l’homme. Culture de mort, disait saint Jean Paul II. 

Disciples du Christ, qui est la vérité et la vie, nous sommes témoins d’une course folle vers toujours plus de transgression et de déconstruction. La roue de l’histoire, apparemment inexorable, avance toujours dans le même sens. Après l’avortement (un enfant sur cinq en France, 50 millions par an dans le monde) l’euthanasie, après le PACS la décomposition de la famille et de la filiation, après la PMA la GPA, après l’érotisme la pornographie… la liste est longue ! Il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Le risque est de nous résigner, et même de nous habituer. Mais au plus profond de notre âme la prière est protestation et la Parole de Dieu est attestation. Avec humilité et courage, avec imagination aussi et persécution peut-être, nous résisterons. Avec la grâce de Dieu.

Famille Chrétienne, 18 septembre 2021