louange

On attribue à saint Augustin cette formule célèbre. Le texte initial disait plutôt : Qui bien chante, deux fois prie. Un mauvais esprit de tiédeur pourrait en conclure que le chant peut remplacer la prière. Mais c’est le contraire : le chant redouble la prière. Comment cela ? Par la grâce propre du chant liturgique : la prière des mots s’unit à la prière des notes. Trois règles en découlent, qui ne sont pas toujours honorées dans nos cantiques du dimanche : il faut un texte priant, une musique priante, et une harmonie du texte et de la musique.

La musique peut avoir mille couleurs, d’adoration, d’émerveillement, d’allégresse, de supplication. Mais il faut fuir la sentimentalité d’un côté, l’ambiance disco d’un autre côté. Ce n’est pas parce qu’un chant parle de Jésus qu’il a sa place dans la liturgie. 

Le texte aussi doit être une prière et inspirer la prière. Ce n’est pas toujours le cas. Je suis effaré du nombre de cantiques où l’assemblée n’est pas tournée vers Dieu, mais vers elle-même : Peuple de frères, peuple de l’alliance, Peuple d’évangile, Peuple de Dieu marche joyeux, et le comble : Peuple de Dieu Église du Seigneur louange à toi (et non à Dieu !). Je note aussi l’apparition de chants d’une piété déiste et individualiste qui n’est pas vraiment chrétienne (mon Dieu à moi). Je salue le retour à la Parole de Dieu et la mise en musique de versets bibliques, ce qui est la règle dans les antiennes du Missel romain. Mais le risque est de répéter des acclamations, Alléluia, alléluia, sans beaucoup de contenu qui « édifie ».

Si l’on se réfère aux hymnes de la tradition latine, on constate que l’enjeu du chant d’église est la contemplation de Dieu et de son œuvre, du Christ et de ses mystères, au fil d’un double calendrier, le temporal (le cycle liturgique) et le sanctoral (les fêtes des saints). Autant les chants de l’Ordinaire (Kyrie, Gloria, Sanctus, Agnus) sont invariables (ou devraient l’être), autant les chants du Propre peuvent et doivent correspondre au temps liturgique, à la fête du jour, à l’évangile du dimanche. Les critères du choix ne sont donc pas vieux ou moderne, j’aime ou j’aime pas. On ne chante pas la même chose pendant l’Avent ou le Carême, à Pâques ou à la Trinité ! On introduit des chants nouveaux, oui, mais pas plus d’un à la fois. On garde en mémoire certains chants anciens parce qu’ils sont populaires (comme les chants de Noël) ou parce qu’ils ont une richesse poétique et spirituelle. Enfin on exerce son esprit critique pour ne pas accepter n’importe quoi. Même si c’est un chant à la mode ! Que l'Eglise prie sur de la beauté, c'était le voeu de saint Pie X.

Famille Chrétienne, 9 janvier 2021