gloireEn France le blasphème n’est pas un délit, Dieu merci ! Nous ne sommes ni au Pakistan ni en Arabie Saoudite. Mais faut-il en sens inverse en faire un « droit » ? Peut-être même un devoir ? Nous avons le droit et parfois le devoir de questionner, de critiquer, de contester, de rejeter les enseignements et les pratiques de telle ou telle religion ou de tel ou tel mouvement de pensée : l’Église catholique, bien sûr, mais aussi l’islam, le judaïsme et les autres, sans oublier l’athéisme primaire et la laïcité maladive. 
 
Mais le blasphème est plus qu’une critique. Il a un caractère offensif et offensant. Il vise délibérément à blesser et humilier une communauté. C’est un jeu de massacre verbal, matériel ou symbolique, visant spécifiquement ce qui, pour les personnes concernées, est précieux, vital, sacré. Revendiquer un droit au blasphème c’est finalement promouvoir une culture du mépris et de la haine de l’autre. Qu’on m‘explique en quoi l’image du Prophète à poil dans une position humiliante et le sexe pendouillant fait avancer la noble cause de la liberté ! Dans un tel contexte, le discours sur le « vivre ensemble » et la fraternité républicaine devient quelque peu saugrenu. Dans une société civilisée, même au plus fort du débat voire du combat, on respecte l’adversaire. 
 
Il faut ajouter que le soi-disant droit au blasphème est à géométrie variable. Il y a de plus en plus de choses qu’il est interdit de dire ou d’écrire et bientôt de penser. Chassez le sacré, il revient au galop ! Indiscutable, intouchable, il est binaire : la soumission ou la lapidation, au moins médiatique. Les dissidents, les infidèles, sont les phobes de quelque chose ou de quelqu'un, autrement dit des malades. Il faut les neutraliser, car ils sont peut-être contagieux. Et comme l’idéologie a peur de la réalité mais pas du ridicule, pour défendre la liberté d’expression, il est urgent de refaire la loi qui organisait l’autocensure des réseaux sociaux. Logique, non ?