louange

Qu’est-ce qu’on chante dimanche prochain ? C’est la question rituelle de l’équipe liturgique. Il y a dans la liturgie catholique deux catégories de chants : les chants de l’Ordinaire et les chants du Propre. Les premiers se retrouvent à chaque messe ; par commodité on les désigne par leur entête grec ou latin : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus. Les mélodies peuvent varier, mais les textes (en français ou en version originale) sont invariables.

Ils nous insèrent dans une tradition et dans une communion, à travers le temps et l’espace. En outre leur répétition permet une mémorisation et crée une culture commune. Il n’est donc pas juste d’inventer d’autres paroles ; en outre le résultat n’est pas toujours inspiré, et pas toujours orthodoxe.

C’est ainsi que des Kyrie contemplent la misère du pécheur au lieu de confesser la Miséricorde du Seigneur. Le Gloria, la plus ancienne hymne chrétienne, est parfois traitée comme une chanson avec un refrain, tandis que le Trisagion des Séraphins (Saint, saint, saint, Is 6, 3) est transformé en Impropères (Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Immortel) ou attribué au Christ (Saint, Jésus Christ, l’Emmanuel dans notre histoire). L’Agnus Dei, brève préparation pénitentielle avant la communion, devient ici ou là un long discours sur la paix, frôlant parfois le ridicule : la paix sera moi, sera toi, sera nous ? Non, c’est le Christ qui est notre paix ! (Eph 2, 14) –ou anticipant la communion (Corps du Seigneur, Sang de l’Agneau, pain de Dieu pour notre table).

L’Anamnèse, restaurée à la suite du dernier Concile, mérite aussi notre attention. Juste après la consécration, l’Église lève les yeux vers son Seigneur, qui renouvelle et actualise le don de sa vie : Mystère de la foi !L’assemblée répond par quelques mots, parole d’amour et de reconnaissance adressée au Christ. Ce n’est pas une méditation où nous nous parlons à nous-même, comme quand on chante Christ est venu, Christ est né ou encore Aujourd’hui, nous célébrons Jésus Christ. Ici aussi, s’affranchir du texte officiel expose à des fantaisies (Gloire à toi, le soleil du jour de Pâques !) ou à des contresens (Viens revivre en nous, alors que c’est nous qui revivons en Lui). Ces fausses anamnèses disent souvent que nous attendons le retour de Jésus, comme s’il était parti et absent : Et tu reviens encore pour nous sauver ! En vérité nous attendons sa venue dans la Gloire, dont chaque célébration eucharistique nous rapproche un peu plus.

Les autres chants de la messe sont ceux du Propre : propres à tel dimanche, telle fête, tel temps liturgique. Ils sont donc différents d’une messe à l’autre. Ils ne sont pas non plus sans problème. Nous en reparlerons peut-être. Non pas pour décourager les bonnes volontés, mais pour les encourager : c’est le vrai qui est beau !


Famille Chrétienne, 24 octobre 2020