pecheurs

 

 

 

 

 

 

 

Paul VI : « L’Église existe pour évangéliser ». Jean Paul II : « Une évangélisation nouvelle, par ses méthodes, son langage, sa ferveur ». Benoît XVI : « Ouvrir la voie du salut aux hommes et aux femmes du troisième millénaire, cela n’est pas quelque chose de facultatif, c’est la vocation propre du Peuple de Dieu ». François : « Tous ont le droit de recevoir l’Évangile ».

La convergence et l’insistance de ces appels successifs est admirable, impressionnante. Mais en même temps elle est inquiétante. S’il faut répéter, c’est qu’on n’a pas écouté. En proposant à toute l’Église un mois missionnaire extraordinaire (octobre 2019) François espère nous réveiller : « que les fidèles aient vraiment à cœur l’annonce de l’Évangile et la conversion de leur communauté en une réalité missionnaire et évangélisatrice ». Oui, la « conversion missionnaire » est à l’ordre du jour, et nos évêques ont plébiscité la formule : « disciples missionnaires ». Mais il ne suffit pas de le dire pour l’être ! Au moins deux échappatoires permettent de passer à côté de la question et de l’appel.

Depuis toujours j’entends cette réponse rassurante et démobilisatrice : l’important, c’est le témoignage. Enfant, on m’a appris à donner le bon exemple. Adolescent, l’Action catholique m’a appelé à m’engager dans le monde. Adulte, on m’a dit que l’important c’était la prière. Prêtre, le souci des paroissiens était l’accueil et la convivialité. Tout cela c’est très bien, et c’est nécessaire. Mais l’enjeu n’est pas que je fasse bonne impression ou que l’Église soit sympa. L’enjeu c’est que des gens soient impressionnés par Jésus : « il m’a aimé et s’est livré pour moi ! » Paul VI l’affirme avec force : « Tout cela reste insuffisant, car le plus beau témoignage se révèlera à la longue impuissant s’il n’est pas explicité par une annonce claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus ». Le seul Nom qui sauve (Ac 4, 12).

L’autre échappatoire est de faire une pastorale à l’envers. Jean Paul II et François mettent bien en lumière les trois « cercles » de la mission de l’Église : au plus près la communauté rassemblée, au plus loin les incroyants, entre les deux les baptisés qui se tiennent à distance. La logique missionnaire est de « sortir », d’aller chercher la brebis perdue. « L’activité missionnaire spécifique s'adresse à ceux qui ne croient pas encore au Christ, à ceux qui sont loin du Christ » (Redemptoris Missio, 34). Notre logique paresseuse est au contraire de nous occuper d’abord de ceux qui sont là, de consacrer toujours plus de temps et d’énergie à un petit troupeau toujours moins nombreux (2 % de la population). Il est temps de remettre les priorités à l’endroit. C’est la rentrée. Comment allons-nous permettre à Jésus de frapper à la porte de nos voisins ?

Famille chrétienne, 7 septembre 2019